Un vaisseau à construire
Dans un grand fracas Arthur a renversé toute la boîte de Légo, j’ai sursauté. Irritée.
Était-ce bien indispensable tout ce bazar pour jouer ! ? Je m’indigne à l’idée de devoir m’étendre sur le sol pour extraire les pièces qui se sont sauvées bien loin en dessous des meubles.
Étroite pensée ! Devant moi le charme des petites mains farfouilleuses qui prennent et rejettent pour construire un vaisseau magique. Je suis pressée d'y participer et je laisse Arthur m’y emmener… Que donnerais-je pour entendre ses pensées et songeries! Sont-elles encore, à sept ans, aussi libres que les herbes sauvages? Aussi mystérieuses que la sève du printemps? Aussi joyeuses que l’eau d’un torrent.
Se vouloir une gentille grand-mère, (alors qu'au temps d’être maman les doutes revenaient sans cesse sur la question « est-ce que je fais bien ? ) devient vaine prétention. Le mot « grand » ajouté à mère n’ajoutera pas un surplus de compétence, tout au plus davantage de disponibilité.
Alors où est l’essentiel d’une vie déjà bien avancée ?
En chemin d’un parcours commun à beaucoup de femme, entre les peurs qui vont du coin de la rue sombre à celles qui tourmentent au plus près du cœur ou freinent le quotidien, il n’est qu’une volonté qui m’a toujours ravigorée : faire a priori confiance. Confiance en la Vie (avec majuscule), celle qui déborde des enfants turbulents, qui se donne en rencontres généreuses, se nourrit d'engagements fidèles et d’idéaux collectifs. Sans pour autant, bien sûr, sous-estimer la vie avec un petit v qui journellement se présente chargée d’injustices fomentées, de méchancetés mesquines et de rapacités! La Vie, c’est comme cette boîte de Légo renversée avec sa centaine de pièces de tous formats dont Arthur finira par construire un vaisseau porteur d’aventures !
Faire confiance, c’est tourner le dos aux petits « soi » qui se dorlotent, préférant la solitude retranchée et les solutions rapides au lieu d’accepter les cris du monde. Et si trop d’embêtements ou de gens désagréables s’imposent, le mieux c’est de se tenir un moment tranquille, se forcer à trouver dans l’instant même la craquelure du bien, et se dire tout bas « je fais confiance »... Et même parfois se le répéter, et répéter encore car ce n’est pas toujours facile. En tout cas, essayer.
Mais confiance en quoi peut-on se demander ? Justement, confiance en rien ! C’est ça qui est joli et fructueux ». Se placer en plein dans le mille du contentement de la vie avec un regard bienveillant, n’attendre rien, se tenir au présent, donc "ni faire ni vouloir".
Alors finit toujours par arriver en fanfare une joie qui n’est jamais bien loin de sa grande copine la confiance!