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Rêver, penser, agir
6 juillet 2016

Glaïeuls ou bonbons?

J'aimais que les glaïeuls de mon jardin fleurissent quand Maman venait à la maison. Elle aimait les glaïeuls.

Enfant, je rassemblais mes fonds d'argent de poche pour en acheter au vieil homme dont le jardin jouxtait ma petite école. C'était cher. J'hésitais un peu. Glaïeuls ou bonbons? 

Ma mère, à nonante ans, prenait encore seule le train pour venir chez moi. Elle vivait de façon autonome, lisait le journal, le critiquait, s'emportait même parfois en parlant politique. Je devais parler fort pour qu'elle m'entende, mais elle écoutait bien. J'avais du plaisir à lui parler de mes enfants et petits-enfants, de discuter bouquins ensemble…  son visage devenait doux, paisible, songeur…

Elle m'était bien plus proche alors, que dans mon enfance. J'avoue n'avoir guère de souvenir de cette période qui soit tendre ou complice avec elle. Heureusement, avec le temps et devenue adulte, mariée, avec cent kilomètres entre nous, je pus ne plus rien attendre d'elle. Et petit à petit, elle devint comme une amie. Je finis par croire que je n'étais pas faite pour être sa fille car nous n'étions pas souvent sur notre meilleure fréquence jadis quand je vivais sous son toit. C'est comme ça. Je voulais tant la liberté de penser et d'agir, et sauter toutes les frontières. Je l'ai souvent bien énervée! 

Envers mes grands enfants, je m'interroge aujourd’hui sur l'art de rester leur mère, et de devenir une bonne grand-mère. Je sais que je peux beaucoup entendre. C'est fou ce qu'il faut parfois écouter sa famille et aussi modérer les points de vue entre eux pour que la paix revienne d'elle-même. Ne rien forcer, ne rien imposer. J'essaie même de ne plus rien exiger. Enfin, j'essaie...

Quand j'aurai nonante ans comme Maman (qui devint centenaire !) mes enfants viendront-ils me voir avec des tulipes dans les mains. En feront-ils pousser dans leur jardin?

Ce sont mes fleurs préférées; peut-être parce que selon la façon dont elles sont abreuvées ou délicatement posées, elles se courbent chacune à leur manière et égayent autour d'elles paisiblement. Simplement.

 

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