Je suis la mère qui se tait et qui parle

Des amis me disent: "il ne faut pas s'occuper des jeunes ménages"!

Ils ont raison. Je ne dois pas m'occuper des jeunes ménages.

Mais une telle attitude rigide n'entraîne-t-elle pas des situations qui n'évoluent guère?

C'est certain. Mon regard de mère, de belle-mère, de grand-mère ou tout simplement de femme n'est jamais indifférent. Je vois, je sens, j'entends… parfois c'est lourd à porter cette seule possibilité de se taire, car je sais que parler, même au nom d'une vérité à laquelle je crois, ne serait qu'envenimer les choses, durcir des positions, enflammer des esprits. Tout comme il ne faut jamais rapporter les paroles des autres…

Mais je ne peux ignorer une peine d'un de mes enfants ou le sentir seul à l’égard de ses frères et sœurs. Alors je navigue d'une île à l'autre, veillant à maintenir les vents car cette famille, ce continent solide que nous étions il y a quelques années, s’est fragmenté en petits univers séparés voire éloignés. Chaque couple a commencé son histoire...  Alors je veille à ce qu’ils n’oublient pas de prendre leur petit bateau pour aller visiter les autres îles.

Tant de divergences de culture, de normes et de goûts dans une même famille. Et même que c’est plutôt bien si on les fait s'entendre.