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Rêver, penser, agir
22 mai 2016

Le temps de mère

"Maman t’es où ?" crie Arthur dans la maison. Il ne s’en inquiétera plus à vingt ans! Amour ou dépendance ? Confiance toute donnée, de part et d'autre, certainement!

Pour bien grandir, il faut se voir dans les yeux de quelqu’un. Souvent celui des parents. Et dans leurs yeux qui regardent, se trouve tout un possible; de la générosité la plus pure à l’égocentrisme le plus subtil. La mère toute "dévouée" à son enfant est-elle pour autant généreuse ? Le soin au petit, son habillement, son éducation renvoient à une fierté personnelle presque instinctive. Mal placée parfois, comme lorsqu’elle habille l’enfant pour sa propre vanité : les commerçants ne s’y trompent pas en proposant mille fantaisies coûteuses. Quant aux hommes qui hurlent le long d'un terrain de foot, pour qui veulent-ils la victoire?

Et puis l'enfant grandit, prend son indépendance et construit (ou subit) sa vie. Ses parents ne sont plus nécessaires à sa survie, à sa sécurité, son bien-être ou son confort. Les parents remplissaient tout son univers, exerçant leur mission éducative avec autorité et bienveillance pour la plupart du temps.

Comment le détachement  d'un enfant au fil du temps est-il vécu par ses parents? Ceux-ci s'interrogent parfois: " Mes grands enfants m’aiment-ils autant? m'aiment-ils toujours ? M’aiment-ils encore « assez » pour que j’en sois satisfait-e alors que je fus leur seul grand amour en bas-âge ?  Ont-ils conscience qu'ils me doivent la vie?  Doivent? Quelle drôle d'idée alors que c'est eux qui m'ont fait vivre, qui m'occupent toujours le coeur."

Pour ma part, quand les  enfants ont quitté le foyer, ce fut un sentiment de liberté à la fois de temps et d’esprit. De temps bien sûr, car je n’avais plus à me rendre disponible selon leurs activités. L'heure n’était plus à « il faut que je rentre pour… ». D’esprit car l’inquiétude ne me taraudait plus quand ils tardaient à  rentrer, quand ils passaient un examen, quand ils avaient un chagrin dont je voyais les effets au quotidien.

Mais, curieux phénomène, le temps passant... il se passe comme une résurgence de souci. C’est une voie contre laquelle je dois résister car elle me renvoie à mon temps de jeune mère attendrie et inquiète de la sécurité et du bonheur des siens. C’est comme si je faisais l’impasse sur leur statut d’adulte alors qu’ils ont tous la quarantaine et sont plein de force. Pour chacun je me demande : "est-il heureux ? Faut-il que je lui dise de… ? que je lui propose de…?"  Retour bien malvenu du sentiment de responsabilité. Le "temps de mère" est sans fin. Même si les enfants deviennent un peu comme des amis qui partagent un passé commun, se rappellent d'histoires drôles, se souviennent de conflits qui, en fin de compte, ont consolidé leurs liens.

Le sentiment d'appartenance presque organique m'est-il définitivement accroché au coeur? La ligne du temps poursuit sa trace, avec ses souvenirs, ses impatiences et ses pauses qui s'inscrivent dans une infinie tendresse aussi subtile que solide. Une des mille et une formes de l'amour. 

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Commentaires
M
Et comme disait un anonyme: " L'effet mère est infini"...
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M
Grand observateur, sur le banc, depuis des années, de sagas familiales. Je me suis souvent demandé quelle aurait été mon attitude face à un enfant égaré sur des chemins aux valeurs douteuses. Pas certain que j'aurais pu offrir cette "infinie tendresse d'un temps de père accroché au cœur "...
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